Au temps où le jeune Marx préparait « le Manifeste », la durée réelle du
travail dans les manufactures était de 75heures. Les
électriciens new-yorkais réclamaient la semaine de 20heures et les paysans
du Cantal manifestaient au cri de « Nous aussi, nous voulons voir la mer
». Aujourd’hui la semaine de 35heures est d'usage.
Le loisir s'est donc affirmé comme un droit et comme une valeur. Mais
qu'est-il au juste? A quoi sert-il? On ne le sait guère. Les idéologues
le négligent ou le surestiment.
Pour Joffre Dumazedier, le loisir des masses est un
phénomène central de la civilisation contemporaine. Il a des relations
manifestes ou cachées à tous les autres éléments de la vie quotidienne :
le travail, la vie familiale, sociale, politique, qu'il modifie, quel
que soit le contexte économique et social.
Aussi donne-t-il naissance à
une culture nouvelle, en contradiction croissante avec l'héritage
sérieux du XIX ème siècle.
Appuyé sur les premières enquêtes de l'équipe
qu'il dirige au C.N.R.S., sur les résultats des principales recherches,
tant en Europe qu'aux États-Unis, et sur les expériences d'un des
principaux mouvements français de culture populaire, Joffre Dumazedier
analyse avec rigueur l'ambiguïté actuelle du loisir vécu et il fait
ressortir chacune de ses trois fonctions majeures : le délassement, le
divertissement et le libre développement.
Mais aussi, il place le loisir
dans la perspective d'une Démocratie culturelle qui réclame une
nouvelle politique de l'éducation, de l'information et des institutions.