Devant le cinéma Tudor, une foule est regroupée autour d’un corps sans vie, Arthur Fellig, alias Weegee, se fraie un chemin parmi les badauds en savourant d’avance la scène qui l’attend. La victime s’est faite refroidir d’avoir été avec la mauvaise fille.
Le reporter a l’intention d’ajouter un peu de style à ce drame de rue. Après s’être assuré que la flicaille ne s’est pas encore radinée, Weegee ajuste le corps du pauvre gars, lui met la main sur le cœur ; du bout du pied, il déplace sa tête ; il cadre la scène et clic clac, l’affaire est sur la pellicule.
Il était temps, les sirènes approchent, un dernier flash et le photographe filou file discrètement au milieu de la foule des bas quartiers qui ne cesse d’affluer vers le cadavre exposé en pleine rue.
De retour chez lui, Arthur appelle Marvin, son contact dans la police, des fois qu’il ait un tuyau sous la main. Mais non, rien ce soir, dans ce New York de la grande dépression où le crime ne cesse de faire son trou.
Et derrière son opportunisme éditorial, le reporter ne cache pas son inquiétude pour les gens de son quartier, là où la violence bat son plein.
Il finit par se coucher, mais sa nuit est agitée d’un rêve où il se voit achever un homme blessé pour faire un beau cliché.
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